Bénédiction des cloches de St Hilaire


(extrait du journal LE GLANEUR du 15 juillet 1893)


     Le 4 juin 1846, M. Carnet, curé de St Hilaire, posait et bénissait la première pierre d’une nouvelle église, en présence de MM Roullin, maire, Ruby, président du conseil de fabrique, et de toute la population.

     Le 14 janvier 1855, jour de notre fête patronale, M. Ameline, supérieur du Petit Séminaire de Mortain, bénissait le temple et y célébrait la première messe. Le maire était alors M. H. Bréhier.

     Il l’était encore lorsque, douze ans plus tard, M ; le curé Mahier entreprit de couronner l’Eglise par cette magnifique chapelle de la Ste Vierge, que tout le monde admire ; il se chargea, au nom de la municipalité, d'élever les deux flèches : elles ont attendu des cloches pendant biens prés de 25 ans.

     Enfin, l’année dernière, sur la proposition de M. le curé et de M le maire, une commission fut nommée, la ville vota 7000 francs ? La Fabrique une somme égale, la population souscrivit pour 12.000 francs ; le succès de l’entreprise était assuré.

     Mais que d’ennuis à surmonter, que de préparatifs à faire !

     Il y a eu un homme dont le dévouement a été au dessus de tout éloge et dont le nom mérite d’être à l’honneur, M. Adolphe Goubin.

     Grâce aussi au zèle des patrons et des ouvriers, tout était prêt ; le vendredi 7 juillet, nos quatre cloches prennent le chemin de la gare à l’Eglise. Les voilà enfin, splendides, dignes de la maison Havard, dignes du monument, l’un des plus remarquables de la contrée.

     La quatrième cloche pesant exactement 1,630 livres est nommée Joséphine-Hilaire-Françoise par M. L’Abbé Michel –François Leroy, chanoine honoraire, curé doyen de St Hilaire et Mme Louis Pontais, née Joséphine Boivent.

     La troisième, pesant 3,152 livres, est nommée Marguerite Thérèse par M. Julien Delaporte, négociant, adjoint au maire de St hilaire, et Mme Pleutin, épouse de M. Pleutin, maire de St Hilaire, née Vitaline Marie Lebouc.

     La seconde, pesant 4,306 livres, est nommée Camille-Julienne par M. Julien Bréhier, manufacturier à St Hilaire, et mme Jean-Pierre Ladvoué, née Camille de Mezange de St André.

     La Première, pesant 6,060 livres, est nommée Marie-Louise Nathalie par M. le capitaine louis-François-Siméon Pontais, chevalier de l Légion d’Honneur et de saint Grégoire le Grand, et mme veuve Ferdinand Dumaine, née Nathalie Anger.

     En outre, toutes les quatre présentent, avec la reproduction en bosse de notre belle statue de St Hilaire, les armes du Saint-Père, celles de Mgr l’Évêque et un grand nombre de fines gravures, l’inscription suivante :
1893
S.S. Léon XIII, pape.
Bénite par Mgr Abel Anastase Germain, évêque de Coutances et Avranches ;
En présence de :
MM. M. Leroy, chanoine honoraire, curé doyen de St Hilaire du Harcouët ;
Auguste Quertier, Cl ément Villain, vicaires ;
H. Pleutin, maire, fabriciens.
D.Brehier Ducoudray, président de la Fabrique ;
A.Goubin, président du bureau des Marguilliers ;
J. Goron, trésorier ;
B. Conort ;
L. Potrel.
     Jeudi dernier, 13 juillet, était le jour impatiemment attendu. Quoique la grosse cloche du bon Dieu ne cessât guère de retentir et une pluie diluvienne de tomber, dans la matinée tour Saint-Hilaire était en fête. Quarante prêtres entouraient le Pontife, auquel M. le curé adressa d’abord un message de respect et de reconnaissance d’autant plus mu que la semaine précédente avait été pour Sa Grandeur plus fatigante et surtout plus douloureuse.

     Monseigneur, après lui, eut un souvenir, une parole gracieuse et une bénédiction pour tous, surtout pour le regretté M. Pontais, le vaillant soldat qui avait passé à Saint-Hilaire en faisant le bien, et pour sa veuve, pour les enfants qui les représentaient, M. Louis Boivent-Dulatay et Melle Louise Amand-Milonais.

     M. l’abbé Villain avait orné avec le meilleur goût le maître d’autel et la charpente qui soutenait les cloches dans le transept : au milieu du feuillage et des oriflammes, les deux splendides cadeaux des parrains et marraines d’une bannière de la maison Houssard et un ostensoir fourni par M. Villain, de Villedieu, réunissaient à juste titre tous les suffrages.

     M. l’abbé Quertier à qui le mauvais temps avait rendu le dehors impossible, avait, délicieusement décoré la salle du banquet ; le service fit honneur à M. Bachelot de l’hôtel de la poste. La musique municipale à fait applaudir une fois de plus à ses récents succès ; le chœur des jeunes gens du cercle ne fut pas moins goûté.

     Après les toasts si délicats et si chaudement applaudis de M. le curé et de Monseigneur aux conseils, à M. le Maire, aux tours, etc. l’heure vint de la séparation ; chacun n’avait plus qu’un désir : entendre au plus tôt, non seulement les tintements, mais les larges volées des héroïnes de la fête !

Échos de la fête des cloches

(extrait du journal LE GLANEUR du 22 juillet 1893)


     Lundi 17 juillet, à 7 heures ½ du soir, M. le curé de Saint-Hilaire tirait le premier son de sa filleul ; chacune de ses trois sœurs se faisait de même entendre séparément ; enfin toutes lançaient à l’envi leurs joyeuses et puissantes volées dans le plus harmonieux concert. La ville entière frémissait d’admiration et d’enthousiasme !

     Et les flèches restaient debout fières et impassibles ! Avait-on parlé d ‘elles, depuis un an surtout ! Les avait-on travaillées en ces derniers mois ! Pierres, fers, poutres énormes : la surcharge est elle inférieure à cinquante mille kilogrammes ?

     Le beffroi à lui seul a exigé près de trente stères de chêne, plus de soixante mille livres. Il serait trop long de décrire cette œuvre considérable qui ne demandait pas moins de précision que de sang-froid. Le système roulant dit Eucondoncine, perfectionné par M. Havard , a été parfaitement compris par M. Constant Dodard, qui mérite, avec tous ses ouvriers, nos plus vives félicitations. Après avoir donné les dimensions de notre bourdon : hauteur 1m73, diamètre 1m70 et circonférence 5m34, nous revenons aux deux cadeaux des parrains et marraines, que nous n’avons pu que mentionner.

     La bannière, en magnifique velours cramoisi, mesure 1m80 sur 1m10. Le style est de la fin du XIIIè siècle. Toute la broderie est en or fin avec mélanges d’argent. Les sujets au petit point, genre moyen âge, avec rehauts d’ors, représentent d’un côté Saint-Hilaire, copie exacte de la belle statue du portail de l’église, de l’autre la vierge mère. Les armes de la ville sont très heureusement placées au-dessous du Patron ; les franges, cordons et glands parfaitement assortis au style de la bannière.

     L’Ostensoir est aussi de style gothique le plus riche. Il est tout en argent doré, à 1m05 de hauteur et pèse neuf livres. Le pied large de 32 cm s’incline doucement vers chacun des angles, détail qui a rendu le travail difficile mais qui présente l’aspect le plus gracieux ; les quatre évangélistes s’en détachent finement ciselés et dorés mat. Au-dessus du nœud, au cep de vigne, feuilles et raisin, enserre une gerbe d’épis, on n ‘a rien vu de plus délicat et de plus léger. Huit émaux sur argent, représentant le Sacré-Cœur en haut, puis vis à vis l’un de l’autre, la Sainte Vierge et Saint Joseph, Saint Augustin et Sainte Monique, Saint Etienne et Saint Roch, enfin Saint-Hilaire au-dessous du Sacré Cœur, formant entre la lunette et la Gloire, une incomparable couronne. Toutes les ciselures sont prises au vif dans le métal précieux ; les améthystes du nœud et la croix sont vraiment admirables.

     Après le Dernier Adieu, si noblement ému, l’acte de baptême de nos trois vieilles cloches fera, nous le croyons, plaisir à tous. Elles ont été fondues ici, au bas de l’ancienne Motte, entre la rue des Morts et la rue de l’Hospice, par les frères Jourdan, de ver.

     – on lit :
  • Sur la première
     L’an 1814, j’ai été nommée Charlotte Antoinette, par M. du Bourblanc, marquis d’Apreville, capitaine des vaisseaux du roi, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et dame Antoinette-Charlotte de Géraldin, son épouse, et fondue sous la direction de MM. Cahour, Le bel, Jenvrin, Ruby et Roger, fabriciens et MM. Jean Marie Delaroche et Jean Heslouis, maire et adjoint de Saint-Hilaire, et bénite par J.B.P. Crespin, curé de ce lieu, quinze jours après les autres.
  • Sur la deuxième
     L’an 1814, j’ai été nommée Aimée-Victorine par M. Jacques ? ?président du bureau de la fabrique, suppléant du juge de paix, membre du Conseil de la Commune et du collège électoral du département et Dame aimée Delalonde, épouse de M. Delaroche, docteur médecin, maire de Saint-Hilaire, bénite par J.B.P. Crespin, fondue sous la direction de MM.Cahour, Le bel, Jenvrin, Ruby et Roger, fabriciens et MM. Jean Marie Delaroche et Jean Heslouis, maire et adjoint de Saint-Hilaire.
  • Sur la troisième
     L’an 1814, j’ai été fondue sous la direction de MM. Cahour, Delaroche, maire, Le bel, Jenvrin, Ruby, fabriciens se Saint-Hilaire, qui m’ont donné le nom de Marie, et bénite par le dit sieur Crespin, curé.

     Les trois ensembles ne pesaient pas la seconde de leurs jeunes sœurs. Puissent celles-ci plus puissantes, chanter plus longtemps : Gloria in excelsis déo et in terra pax hominibus bonne voluntatis !.

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