Correspondance Datin

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     Ses bons parents désespéraient de le revoir et le lui signalaient avec amertume, mais ce qu’ils attendaient tant est arrivé: A la Pentecôte 1841 Julien est revenu au pays. Ce fût la fête et tellement de fierté pour François et Léontine .
     Ce fût l’occasion pour lui de leur annoncer qu’il avait renoué avec Elisa mais qu’il aura bien à faire pour regagner la confiance perdue auprès de cette demoiselle.
     Peu de temps après son retour, le 19 juillet exactement, il a épousé Elisa à 4 heures du soir à la mairie, et le lendemain à l’Eglise à la même heure.
     Il le décrit comme suit :
     " 24 personnes seulement composaient le banquet qui a suivi la cérémonie, on se mit à table à 5 heures et on en sortit à minuit ; Le diner était on ne peut plus beau, les mets en étaient recherchés, les vins et les liqueurs étaient exquis enfin ce petit repas a coûté 145 frs . Le 21 , un déjeuner non moins beau fût donné à 11 heures aux mêmes personnes, et à la sortie de table, on se mit à danser.
     Maintenant, je vais vous donner la description de la toilette de la mariée et du marié – celle-là était vêtue d'une robe de crêpe de chine blanc garnie dans le bas de trois plis ayant chacun une jolie dentelle ; un voile blanc couvrait sa tête, sur laquelle était posée une couronne de fleurs, ses pieds étaient chaussés de souliers en satin blanc et le reste de sa parure consistait en bijoux tels que camée, bagues et chaîne d'or.
     Le marié était tout en noir, excepté le gilet qui était en cachemire blanc "


     C’est le 29 novembre 1842 qu’Elisa a mis au monde leur premier enfant, un garçon prénommé Jules Emile François

     La suite ne semble pas nécessiter de nombreux commentaires de la part de Julien, sinon des banalités familiales.
     Cependant un courrier du 15 mai 1843 mérite qu’on s’y attarde :
     " J'ai reçu en son temps votre lettre du 11 janvier dernier par laquelle vous m'apprenez le départ de ma grand-mère et de son fils pour Ville Neuve ainsi que l'acquisition de la terre de Jean Pasquier par votre filleul moyennant la somme de 17000frs . Ce sont là 2 grandes nouvelles mais dont m'a surpris seulement la dernière, car j'étais loin de m'attendre à ce nouvel acquêt de mon oncle qui pourra conserver malgré l'expulsion du sort, assez de biens à la gâchetière pour pouvoir "continuer à porter le nom de ce hameau. C'est un homme réellement favorisé par la fortune. Tout lui réussit ; les dommages causés par le tracé de la route de Brécey à Saint-Hilaire sur sa terre de la Tourelle sont évalués à une certaine somme mais qu'il trouve insuffisante pour balancer le tort qu'on lui a causé, il fait opposition et on lui donne 7000frs de plus – c'est ce que m'apprit sa dernière lettre. Je suis enchanté de son succès mais mon contentement serait beaucoup plus grand s'il était partagé par vous car alors vous seriez comme autrefois intimement liés ensemble. Mes voeux seront peut-être un jour exaucés.
     Notre enfant est venu avec sa nourrice passer quelques jours à la maison ; sa beauté et sa force nous ont tous comblé de joie. Tout le monde s'accorde à le trouver si bien que ma chère épouse ne se possédait pas en entendant ces compliments flatteurs. Aussi, ces jours se sont écoulés bien promptement. "




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