L’Association Syndicale de Reconstruction (A.S.R.)
(Condensé d’archives de Georges Coeuret)
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     Le 14 juin 1944 a marqué une date importante dans l’histoire de Saint-Hilaire. Ce jour-là, la petite cité Millénaire fut détruite à 70% ainsi que nous l’avons vu dans nos chapitres précédents. C’est au mois de décembre 1945 que le Général Mendras qui venait d’être nommé commissaire à la reconstruction vint trouver à son domicile provisoire du Pont de Mortain, M. Georges Coeuret pour lui demander d’accepter le secrétariat de l’Association Syndicale qui se formait. Il prit ses fonctions le 1er mai 1946, le Docteur Cuche étant maire, M. Delaage architecte en chef urbaniste avec ses adjoints locaux MM. Tandeau de Marsac, Brunat et M. Le Gall, ingénieur des Ponts.

     Plusieurs réunions mirent en place le nouveau plan de Saint-Hilaire, soumis à enquête publique du 1er au 15 juin 46. L’architecte Delaage se déclara hostile aux pans coupés. Il fut décidé aussi de reconstruire les maisons en béton et en briques, à l’exception des façades qui seraient en pierre. Il fut même envisagé un moment de créer une briqueterie, voire même une tuilerie sur place, projet qui ne reçut jamais aucun commencement d’exécution.

     Le 11 juin 1946 on nota le manque de ciment, Montebourg manquant de sacs pour en livrer. Le 22 juin, juste avant le départ du général Mendras, remplacé par M. Baste, on fit le point sur la reconstruction du premier îlot et les obstacles rencontrés. Le premier portait sur le plan d’aménagement et la constitution rapide d’une association syndicale dont la présidence fut confiée à M. Feillet assisté du trésorier Charuel et du secrétaire Boursin. Un référendum fut même organisé sur deux jours sur le maintien de la place Nationale et pour ou contre le plan d’urbanisme. Une majorité énorme de votants se prononça pour le maintien, et contre le plan, mais le référendum, pas plus que l’association constituée n’avaient de valeur légale, et le 12 août le projet de plan fut déposé par M. Delaage avant d’être soumis deux jours plus tard, le 14 août au conseil municipal.

     Le 16 septembre, les propriétaires sinistrés s’étaient enfin regroupés en une association qui put se faire entendre par la municipalité, mais non sans débats parfois houleux. Certains habitants contestant le projet d’aménagement et demandant le retour au statu quo ante aux dires qu’avant-guerre Saint-Hilaire était « un vrai petit bijou », le maire Daniel Cuche reconnaissant lui « qu’il y avait un réel problème de logement, une population ouvrière et un certain nombre de quartiers ne lui permettant pas de se loger convenablement ».

     On discuta longuement sur le terme « agrandissement » employé par le maire qui voyait grand (10 à 15.000 habitants dans le futur !), sur le marché considéré « comme le 4ème de France », ou le mail à réduire.

     Malgré tous ces atermoiements, le remembrement se poursuivit, toujours sous la houlette de M. Baste, puis de M. Goepfer, lui-même remplacé par M. Allin, ancien capitaine de gendarmerie, très actif et compétent qui sut terminer le travail à la satisfaction de tous, au point qu’à la dissolution de l’association, il fut nommé directeur de la coopérative « Bâti » de Mortain.

     La loi du 16 juin 48 ayant institué les associations syndicales de reconstruction, Saint-Hilaire eut donc la sienne dans le même temps, constituée à l’origine que des seuls propriétaires de l’îlot 3 (rue de Mortain, avenue Mal Leclerc, rue des Marchés, rue Pontas). Par la suite les différents îlots y adhérèrent à l’exception de la rue d’Égypte et de 2 ou 3 immeubles particuliers qui s’associèrent à celle de Mortain. Le président de l’A.S.R locale fut M. Durand jusqu’au 21 septembre 53 où une nouvelle assemblée générale constitua un nouveau bureau le 4 décembre 53. Il était présidé par M. Coeuret assisté de E. Cheval, vice-président, Mr Fourré, secrétaire, et MM. Leprieur, Ecolivet, Philippe Lebossé, puis Moulin à partir de 1954.

     Les assemblées générales eurent alors lieu régulièrement chaque année dans le dernier trimestre, rendant compte de la situation financière, de l’avancement des travaux. Tout cela jusqu’au 22 novembre 1962 où eut lieu l’assemblée générale de dissolution, l’A.S.R locale regroupant alors outre Saint-Hilaire, Barenton, Pontaubault et Romagny. Du rapport moral de clôture, il ressort qu’à Saint-Hilaire, l’association reconstruisit pour ses 166 adhérents, 195 immeubles dont le coût s’est élevé à 1 milliard 900 millions, honoraires d’architectes compris. Ces opérations, on l’a vu, complexes dans le climat de l’après-guerre furent réglées au mieux, tous les comptes particuliers soldés à l’amiable, sans aucune contestation judiciaire.

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