...d'ordre et d'énergie qu'il faut nécessairement avoir pour gouverner un grand peuple dans ces temps difficiles. Et Louis Napoléon, l'élu de la Nation,
possède, à ce qu'il paraît, tout ce qu'il faut pour ramener la confiance dans le Gouvernement ; Et avec la confiance , vous le savez , chers parents, renaît le commerce, l'industrie et le travail, source
de toutes richesse. Malgré tous ces changements de gouvernements, notre petite contrée est restée tranquille et personne n'a cherché à troubler dans leurs occupations ces paisibles et heureux habitants des
campagnes qui, grâce à leur travail ont pu faire face aux exigences momentanées des agents du fisc. Lorsqu'il s'opère de semblables révolutions qui font trembler le monde et chanceler l'édifice social sur sa base,
il faut nécessairement que les peuples qui les acceptent sachent s'imposer de rudes sacrifices pour jouir plus tard des avantages d'une liberté plus grande. Mais lorsque des insensés viennent à l'aide de
propos incendiaires renverser le fruit de tant de sacrifices, tous les amis de l'ordre doivent s'unir pour "repousser ces agents du désordre. Le Gouvernement provisoire a fait le bon choix en envoyant ici
pour gouverner, Monsieur Sarda-Gariga. C'est un digne et brave homme qui a su, par son énergie épargner bien des malheurs à ce beau pays. Les noirs ont été mis en liberté sans secousse ; ne possédant rien,
il les a contraint à travailler pour vivre malgré leur répugnance, car ces pauvres enfants de la nature n'attendaient la liberté avec tant d'impatience que pour ne plus travailler. Ils savent se contenter
de si peu qu'ils ont pu trouver presque leur nourriture parmi les plantes naturelles de la terre ; d'ailleurs, s'ils étaient livrés à eux-mêmes, ils ne porteraient qu'un morceau d'étoffe ou de feuillage
pour cacher leur nudité ; c'est ce qui se voit encore tous les jours dans les rues malgré la défense de la police .Dans les campagnes, sur les habitations, les hommes travaillent presque nus, les femmes
ont un petit jupon qui leur descend à peine aux genoux, mais les négresses des villes sont mieux mises que nos riches villageoises ; elles portent robes à volants et châles – tout cela gagné par leur débauche
car ainsi que je vous l'ai dit dans une de mes précédentes lettres, les mœurs chez les nègres sont à peu près semblables à celles des sauvages. Quoique jaloux, le nègre prend et laisse à volonté et
celle-ci préférant les blancs se donne au premier qui lui fait une proposition : c'est une espèce de gloire pour elle que d'avoir plusieurs amants blancs ou noirs; mais leur bonheur consiste surtout à avoir
des enfants blancs. Ces pauvres femmes, il ne faut pas trop leur en vouloir, puisque dans l'esclavage, leurs maîtres encourageaient pour ainsi dire leurs débauches car les enfants étaient la propriété, non
de la mère mais de celui à qui elle appartenait ; c'était une spéculation comme en France d'élever beaucoup de jeunes chevaux pour les vendre ou s'en servir plus tard. L'émancipation a donc trouvé ces
pauvres nègres dégradés et abrutis par l'esclavage, êtres inertes pour la plupart, n'ayant d'autre volonté que celle de ceux qui les commandaient et ils se sont trouvés tout à coup libres et égaux devant
la loi des blancs; par conséquent, punis comme eux pour les crimes et délits qu'ils peuvent commettre, ce qui n'existait pas quand ils étaient esclaves. Sous ce rapport, la loi les protégeait car on leur
infligeait guère la prison que pour des fautes très graves. Pour des vols, quelques coups de fouet faisaient l'affaire. Aujourd'hui, on les condamne à 5 ans de détention comme si réellement ces pauvres
créatures connaissaient l'étendue de leurs fautes. Vous me parlez de domestiques et vous vous étonnez que ma femme ne puisse pas convenablement suffire à l'intérieur de la maison. Permettez-moi, cher père
de n'être pas de votre avis à ce sujet et lorsque vous saurez que dans ma position ,je suis obligé d'avoir salon- salle à manger pour pouvoir recevoir etc....vous penserez que ma pauvre amie, élevée pour
faire l'ornement et le bonheur de celui à qui elle a bien voulu unir sa destinée, ne peut réellement pas cirer, brosser 4 ou 5 appartements et aller laver son linge à la rivière. Du reste, elle ne reste
pas oisive, croyez le bien, car depuis que nous sommes mariés, je ...
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