Pour Julien ,cependant tout se déroule au mieux, malgré son attente d’avancement,au point d’écrire le 23 juillet 1838 :
     "Dans la position où je me trouve , si mes appointements étaient plus forts, il y aurait pu de personnes qui fussent aussi heureuses que moi. Mon travail n’est point pénible, je fais partie de plusieurs aimables sociétés dans lesquelles je suis on ne peut mieux reçu, à tel point que souvent je mécontente les uns pour faire plaisir aux autres. "

     Par contre, côté sentimental, les choses vont s’avérer quelques peu compliquées.
     L'élue de son cœur se prénomme Elisa et Julien a fait part à ses parents de son désir de l’épouser et leur a bien évidemment demandé leur consentement. Ces derniers se sont, semble-t-il, montré réticents, ce qui fait dire à Julien dans sa lettre du 28 décembre 1838 :
     "Si dans votre prochaine lettre, vous ne me donniez pas votre consentement, le reste de mes jours serait voué au plus affreux désespoir et au plus morne découragement parce que, quoiqu’il n’y ait guère que 3 mois que je la connais, je l’aime et je pense que je n’aimerai jamais personne que mon Elisa. Elle est pour moi plus que toute la nature, elle seule peut me rendre heureux, où elle n’est pas, tout est triste. Enfin elle possède et même au-delà, toutes les qualités que je puisse attendre.
     Quand à la fortune de ses parents, elle est en argent, en actions sur des navires et en maison qui réunie pourra approcher de celle que vous semblez me fixer.
     Adieu le meilleur des pères, embrassez pour moi ma bonne mère et toute la famille et recevez tous les deux à l’occasion du nouvel an, les vœux les plus sincères que j’adresse au ciel pour la conservation de vos jours et s’ils sont exaucés, rien ne manquera à votre bonheur.
     Votre tout dévoué fils qui vous embrasse de tout cœur. "

     Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu, si on en juge par son courrier du 29 mars 1839

     "J'ai reçu en son temps votre estimable lettre, mais, hélas cette chaîne qui semblait n'être formée que pour mon bonheur m'est devenue tellement insupportable par les exigences et la jalousie de Mademoiselle Flagelle que je me sens forcé, pour éviter le malheur dans lequel je tomberais infailliblement,de vous prier de faire écrire à notre estimable Maire qui la signera de votre nom pour qu'il y ait identité parfaite avec l'écriture une lettre dans les termes suivants:
     Monsieur Flagelle,
     En apprenant que mon fils faisait la cour à votre Demoiselle, j'en fus d'abord satisfait, car je ne doute pas un seul instant d'après le bien qu'il m'en a dit que par ses qualités elle ne soit très propre à faire le bonheur de l'homme qui s'attachera à elle, mais plusieurs raisons qui me sont particulières m'étant arrivées depuis peu, je me vois forcé de désapprouver ses démarches.
     Comme moi, Monsieur, vous êtes père de famille et à ce titre seul me fait présager que la présente sera accueillie selon mes désirs; dès lors vous remercierez mon fils sans lui donner connaissance de cette lettre qui restera secrète entre nous, car il vaut beaucoup mieux qu'un garçon subisse, plutôt qu'une demoiselle, l'humiliation d'un refus. J'ai d'ailleurs trop d'estime pour vous, pour penser que vous favorisez un jeune homme encore bien étourdi dans un mariage qu'il contracterait contre le consentement de ses parents que bien tôt des explications et l'autorité qu'ils ont sur lui détermineraient à rompre avec vous.
     Je suis Monsieur ......
     Vous me direz peut-être, mes chers parents que je vous cause beaucoup de tracasseries, mais soyez persuadés que c'est la dernière de ce genre que vous aurez à éprouver, car j e veux mieux connaître à l'avenir les personnes auxquelles je m'adresserai avant de vous en faire part et je vous assure que si elles sont toutes aussi jalouses et d'un autre côté, si elles sentent toutes aussi mauvais de la bouche, je resterai célibataire..